La tranquillité d’esprit

Texte lu par Marie-Françoise au Mans Jeudi 16 décembre 2021

Chaque jour, pendant un certain temps, essayez de vous asseoir en shikantaza (zazen, juste s’asseoir), sans bouger, sans rien attendre, comme si vous viviez votre dernier instant. D’instant en instant, vous vivez votre dernier instant. Dans chaque inspiration, chaque expiration, il y a d’innombrables instants. Votre intention est de vivre chacun d’eux.

Commencez par expirer doucement puis inspirez. La tranquillité de l’esprit se trouve après la fin de votre expiration. Si vous expirez doucement, sans même essayer d’expirer, vous accédez à la complète et parfaite tranquillité de votre esprit. Vous n’existez plus. Quand vous expirez de cette façon, alors naturellement votre inspiration repart de là. Un sang renouvelé par cet apport extérieur irrigue votre corps. Vous vous sentez complètement revivifié. Puis, vous commencez à expirer, à élargir cette sensation de fraîcheur jusqu’à la vacuité. Ainsi, d’instant en instant, sans faire quoi que ce soit, vous poursuivez shikantaza….

…Votre respiration s’estompera peu à peu. Vous vous effacerez peu à peu, vous fondant dans la vacuité. Inspirant sans effort, vous revenez naturellement à vous même avec une forme et une couleur. En expirant vous disparaissez peu à peu dans la vacuité – une page vierge, blanche. Voilà ce qu’est shikantaza. Le point important est votre expiration. Au lieu d’essayer de revenir à vous en inspirant, disparaissez dans la vacuité en expirant….

… Quand vous vous adonnez à cette pratique, vous ne vous mettez plus en colère aussi facilement. Lorsque l’inspiration vous préoccupe plus que l’expiration, vous êtes plus irritable. On s’agrippe sans relâche à la vie……Prendre soin de l’expiration est très important. Mourir est plus important que s’agripper à la vie…

…Nous apprécions donc ce moment ; nous sommes libres. Nous nous sentons libres de nous exprimer parce que nous sommes prêts à nous fondre dans la vacuité. Si nous essayons d’être actifs, spéciaux, et d’accomplir quelque chose, nous ne pouvons nous exprimer. Le petit moi s’exprime mais le grand moi n’apparaît pas depuis la vacuité. Or le grand moi ne peut apparaître que depuis la vacuité. Voilà ce qu’est shikantaza.

Libre de soi, libre de tout / Shunryu Suzuki

Sans rien attendre

Texte lu par Marie-Françoise au Mans Jeudi 9 décembre 2021

En zazen tant que vous pensez : « je dois atteindre quelque chose de spécial », en réalité vous ne faites rien. Quand vous abandonnez, quand vous avez cessé de vouloir faire quelque chose, ou que vous n’essayez pas de faire quelque chose de spécial, alors vous faites quelque chose. Lorsque votre activité ne comporte pas d’idée d’acquisition, alors vous faites quelque chose. Vous ne faites pas zazen pour obtenir quoi que ce soit. Vous avez peut-être l’impression de faire quelque chose de spécial, mais ce n’est en réalité que l’expression de votre vraie nature ; c’est l’activité qui apaise votre désir le plus cher. Mais tant que vous pensez que vous pratiquez zazen pour obtenir quelque chose, ce n’est pas la vraie pratique.

…Dans la continuité de cette pratique, de semaine en semaine, d’année en année, vous verrez votre expérience devenir de plus en plus profonde, et vous la verrez couvrir toutes vos activités quotidiennes. L’essentiel est d’oublier toute idée d’acquisition, toute idée dualiste. En d’autres termes, faites juste zazen dans une certaine position. Restez simplement sur votre coussin sans rien attendre. Alors vous reprendrez finalement votre nature véritable. C’est-à-dire, votre nature véritable tout simplement reprend.

Esprit zen, esprit neuf / Shunryu Suzuki

Tout est là….

Texte lu par Marie-Françoise au Mans Jeudi 2 décembre 2021

Tout est là, à chaque instant autour de nous, mais nous ne voyons rien. Nous savons ce que nous voulons voir et négligeons le reste. Alors nous passons à côté de tout, de l’amour, de la beauté, de la merveille et de la vie même.

Ecoutez ! un rire, un sanglot, une parole, le chant du vent dans les pins. Regardez ! une goutte de pluie qui brille dans le soleil, des yeux attentifs, la trace des saisons sur un visage.

Ne nous laissons pas enfermer en nous-mêmes, ne verrouillons pas les portes et les fenêtres, mais laissons entrer l’air et le soleil et la pluie, et le monde entier, et tout l’univers.

Notre cœur est assez grand pour tout contenir

Tout ce qui compte en cet instant / Joshin Luce Bachoux